Fédération de Chirurgie Viscérale et Digestive

La FCVD

 

L’évolution de la chirurgie digestive et viscérale à l’heure de l’accréditation et du développement professionnel continu.

Le chirurgien doit faire face à de nombreux changements, notamment l’émergence de nouvelles technologies et les modifications de la société.

Les nouvelles technologies se développent au bloc opératoire avec la cœlioscopie, la robotique, ou l’introduction de nouveau matériel. Cela suppose une mise à jour continuelle des connaissances, des pratiques professionnelles, et des techniques opératoires mais aussi l’apparition de nouveaux risques, différents de ceux que l’on connaissait (par exemple, les accidents de trocart en laparoscopie), et qu’il faut apprendre à identifier et gérer.

Par ailleurs, la société dans sa globalité évolue : il existe à l’heure actuelle une culture de la transparence, avec une médiatisation à la fois des pathologies et de leurs traitements mais aussi des éventuels évènements indésirables associés aux soins. D’autre part, la tendance à la judiciarisation est également à prendre en compte, avec une augmentation du nombre de plaintes et de procès intentés aux chirurgiens.

L’accréditation peut aider le chirurgien à s’adapter à ces changements.

L’objectif de l’accréditation est de réduire les évènements indésirables associés aux soins (EIAS). Gérée par la Haute Autorité de Santé, elle repose sur des organismes professionnels agréés, tels que la FCVD. Elle correspond à une démarche volontaire particulière qui comprend à la fois la formation du chirurgien, une évaluation et une amélioration des pratiques professionnelles et une politique de gestion des risques.

La formation repose sur le développement professionnel continu (DPC) qui correspond à une maîtrise et une actualisation des connaissances du praticien. La FCVD organise des réunions nationales et régionales. Par ailleurs, d’autres programmes de formation organisés par les Sociétés Savantes sont reconnus par la FCVD.

Les pratiques professionnelles doivent  être évaluées et améliorées dans le but de gérer et de réduire les risques liés aux soins. C’est la démarche suivie pendant les Réunions de Morbi-Mortalité (RMM).

Cette analyse des EIAS comprend plusieurs volets. Tout d’abord, l’identification des EIAS est primordiale ; dans le cadre de l’accréditation, une base colligeant les EIAS a été créée en 2009. Les praticiens déclarent 3 EIAS par an, qui sont ainsi regroupés dans cette base REX et analysés. L’identification des causes profondes ayant conduit à la survenue de cet évènement est ensuite réalisée. Elles peuvent être recherchées selon la méthode ALARM. Ces facteurs de risque ne sont pas liés qu’au seul chirurgien. Il existe des facteurs liés au patient, à la tâche à accomplir, à l’équipe, à l’environnement de travail, à l’organisation et à l’institution.  La position du chirurgien change donc puisqu’il est certes acteur du geste technique mais il est intégré au sein d’un ensemble plus large, une équipe chirurgicale (comprenant plusieurs chirurgiens) et multidisciplinaire. Un dysfonctionnement au niveau de l’équipe est retrouvée dans environ un tiers des cas. Enfin, cette analyse des EIAS doit aboutir à la mise en œuvre et au suivi d’actions pour améliorer la sécurité des soins. C’est l’utilité de la base REX, qui permet un retour d’expérience à grande échelle et l’élaboration de recommandations qui seront ensuite appliquées par le plus grand nombre afin d’améliorer les pratiques.

L’accréditation s’intègre parfaitement dans une société où le principe de sécurité est devenu un maître mot. Elle permet de déclarer et d’analyser les problèmes de manière sereine sans crainte de stigmatisation ou de répression, le but étant d’apprendre de ses erreurs et de celles des autres afin de ne pas les répéter.

La dimension collective est également importante puisque le chirurgien n’est pas seul face à une complication. Il fait partie intégrante d’une équipe et d’une institution. Les EIAS sont donc la conséquence de la défaillance d’un système et non pas seulement celle d’un de ses composants. Le mythe du chirurgien omnipotent, héroïque et solitaire est en train de disparaître ; il s’intègre au sein d’une équipe, chirurgicale et multidisciplinaire.

Enfin, il est important d’admettre que les risques et les complications sont inhérents à l’acte de soin et ne constituent pas un échec. Admettre ses complications et les analyser permet d’apprendre de ses erreurs et d’améliorer ses pratiques.

Professeur Jean GUGENHEIM